CAO et BIM, quelles différences ?

Parfois interchangés, CAO et BIM visent les mêmes objectifs d'efficacité, de précision et d'anticipation sur un projet de construction. Il s’agit d'outils et de procédures numériques qui accompagnent tous les acteurs du projet depuis la conception du bâtiment jusqu’à son exploitation.

Définition de CAO

Les architectes, ingénieurs et bureaux d’études du BTP utilisent des logiciels de Dessins Assistés par Ordinateur (DAO) et de Conception Assistée par Ordinateur (CAO). La CAO est un outil d’aide à la conception appliqué au secteur du BTP. L’utilisateur conçoit des objets à partir des commandes prédéfinies. L’objet et les propriétés de ses sous-ensembles sont conservés dans une base de données et permettent son exploitation pour des tests et des simulations.

Comment la CAO est-elle née ?

La CAO repose sur un logiciel spécialisé par métier fonctionnant par langage à objet. Pour comprendre la portée de cette évolution, il faut reconsidérer son contexte d'apparition.

Comment opéraient les différents corps de métier avant l'arrivée de la CAO ? Les logiciels de dessins en deux dimensions et trois dimensions gèrent des listes d’entités vectorielles et surfaciques. Un cran au-dessus, certains logiciels sont capables de gérer les solides, voire des solides ayant subi un traitement spécifique. À ce stade, l'utilisateur œuvrant dans le domaine du BTP se retrouve limité dès lors qu'il souhaite mettre en relation deux éléments indépendants, comme deux cloisons qui viendraient à se rencontrer par exemple. Qu’il s’agisse d'éléments surfaciques ou de solides, la manipulation est restreinte. La CAO entreprend alors de laisser tomber les entités de dessin généralistes pour se consacrer à des entités spécialisées dans le secteur du bâtiment.

Les relations sont entièrement gérées par le logiciel qui anticipe les réactions de l’entité objet avec son environnement. L'éditeur du logiciel automatise les comportements d’une entité par rapport à d’autres entités d’une même classe, ou d’une classe différente parmi celles autorisées à entrer en contact. Ce sera ainsi le cas de la rencontre entre une menuiserie et un mur.

La CAO permet de concevoir, de visualiser et de réaliser des plans de construction qui pourront être présentés aux clients, et à tous les autres acteurs intéressés par le projet. Sur ce dernier point, le BIM lui emboîte le pas et devient un outil complémentaire incontournable à la transition numérique du secteur du bâtiment.

Définition de BIM

Le « BIM » est l’acronyme de Building Information Modeling, soit un ensemble d’outils de modélisation des informations de construction, parfois appelé « bâti immobilier modélisé » par souci d’adéquation au sigle anglophone. Concrètement, le BIM regroupe les logiciels développés pour le secteur du bâtiment et les procédures collaboratives permettant à tous les acteurs engagés d’élaborer et de suivre le projet de construction de A à Z. Toutes les informations sont ainsi contenues dans des fichiers au format commun partagé. Le BIM est en quelque sorte la base de données centrale du bâtiment.

Le BIM embarque de nouvelles méthodes de travail. Les informations sur les coûts, les délais et les éléments de faisabilité du projet sont à la fois exhaustives et facilement accessibles. Tout changement, à n’importe quelle étape de la chaîne de réalisation, est également beaucoup plus simple à mettre en œuvre.

Le BIM et la transition numérique en France

La transition numérique des acteurs du BTP est fortement encouragée par le gouvernement dans une dynamique d’inclusion de l’ensemble des territoires et de tous les acteurs du secteur. Les zones blanches sont amenées à progressivement disparaître et les petites et moyennes entreprises partout en France devraient pouvoir s'appuyer sur des outils numériques adaptés à leurs activités. L’objectif avec la généralisation du BIM, selon les termes de Julien Denormandie alors Ministre chargé de la Ville et du logement, « c’est demain construire mieux, plus vite et moins cher ». Construire plus simplement, plus rapidement sans perdre en qualité et en intégrant tous les acteurs engagés dans le projet : c’est l’objectif visé par la transformation digitale du secteur du bâtiment. L’optimisation des délais et la fluidité des communications deviennent d’autant plus importantes alors que la multiplicité des acteurs tend à complexifier les processus de construction. Être plus réactif à chaque étape, c'est aussi une réduction des coûts et un gain de compétitivité considérable sur le marché français et international.

La CAO et le BIM diffèrent dans la manière, mais restent indissociables et indispensables au pilotage d’un projet d’envergure associant une multitude d'intervenants. Rien d'étonnant à ce qu’un chantier aussi complexe que celui de la restauration de Notre Dame de Paris ait recours à cette solution collaborative.